Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Aventures de Martine à Montréal
17 avril 2009

L'or bleu

Ah c'est dur de se renouveler et de parler sans cesse de choses intéressantes et pourquoi pas pertinentes (sisi ça m'arrive de temps en temps !)

Donc je me suis dit que vous parler de l'eau, l'or bleu qui devient si rare, était pertinent car c'est un enjeu majeur au Canada. Et oui, pendant longtemps, tout le monde croyait que les fabuleuses ressources naturelles du Canada (forêt, lacs...) étaient inépuisables, ce qui veut dire en language commercial, exploitables à fond, en gros. C'est dire que l'eau est totalement gratuite pour les consommateurs ! Et oui, pas de compteur à la maison, on paie juste l'électricité pour l'eau chaude, qui ne coûte d'ailleurs quasiment rien puisque l'hydroélectricité est très développée ici (mais ça soulève aussi les problèmes liés à la gestion de l'eau).

Bref, on est de plus en plus conscients de la nécessité de préserver cette ressource vitale, sauf visiblement ceux qui sont au pouvoir, et qui, comme si ça ne suffisait, en plus de persévérer dans la voie de la déforestation acharnée, projettent d'exporter l'eau à nos chers voisins américains qui eux voient leurs réserves se réduire comme peau de chagrin... Ou comment adopter une vision court terme pour engranger de la trésorerie, au lieu d'avoir une vision long terme de durabilité, et probablement bien plus profitable, mais ça allez l'expliquer aux tenants du pouvoir toujours plus avides de liquidités, profits, etc., le tout bien sûr immédiat ! Sick sad world.

Tout ça pour dire que récemment j'ai lu deux articles intéressants à ce sujet dont je souhaite vous faire part :

http://www.actu-environnement.com/ae/news/eau_enjeu_XXI_siecle_7168.php4 : sur une meilleure gestion de l'eau, de meilleurs usages, le tout par le biais de l'hydrodiplomatie (géopolitique)

http://www.reservert.com/fr/chroniques/chronique.php?id=62&info=CBIEGgwfFwoOAxwYHRZeHQobJRQdEwwfXQxPAg%3D%3D : sur l'eau à vendre contre des millions de devises... et la notion très intéressante de commerce d'eau virtuelle : en gros toute notre consommation d'eau liée à notre nourriture (exemple : boire une tasse de café consomme 140 litres d'eau, essentiellement lors de la croissance de la plante).

voici l'article :

"L’eau est-elle à vendre?

Une exportation future inévitable ?

Si on en croit ce rapport, l’exportation d’eau pourrait rapporter des milliards de dollars au Québec. Dans le même ordre d’idées, un article paru quelques mois auparavant annonçait que la mise en place d’un pipeline entre le Manitoba et les États-Unis pouvait générer un revenu annuel dépassant le milliard de dollars pour ladite province canadienne.

Ces gains exercent un attrait compréhensible, surtout lorsque les gouvernements provinciaux et fédéraux annoncent des budgets déficitaires pour les années à venir et qu’au moins 36 États américains devraient souffrir d’un manque d’eau dans les cinq prochaines années. Le gouvernement canadien affirme, certes, que l’eau n’est pas à vendre, ce qui pourrait rassurer les 66 % de Canadiens refusant l’idée de vendre de l’eau à notre voisin du Sud. Cependant, la lecture des lois et des accords commerciaux (notamment l’ALÉNA) sur la question de l’eau démontre que les craintes des associations et de la population semblent justifiées : l’exportation massive d’eau vers l’étranger reste une hypothèse plausible, avec un transport par navires cargo plutôt que par pipelines.

Des transferts d’eau déjà en cours

Qu’on le veuille ou non, les transferts d’eau douce ne sont pas une nouveauté pour le Canada. Frédéric Lasserre, chercheur à l’Université Laval, indique que « le Canada transfère [artificiellement] plus d’eau entre bassins [versants], sur son territoire, que les États-Unis : en tenant compte des transferts intra et interbassins, le débit des transferts au Canada, 4 450 m³/s, est beaucoup plus important que le total combiné des États-Unis et de la Russie. » Ces transferts ont été mis en place en général pour produire de l’hydroélectricité, mais ces prélèvements et détournements d’eau de rivières ou de lacs ont des impacts majeurs sur l’environnement. En outre, l’exportation transfrontalière existe déjà à petite échelle (quelques millions de litres par an). 

On peut dès lors se demander pourquoi ces transferts massifs, effectués sur le territoire canadien, sont moins sujets à polémique que ceux hypothétiques qui seraient destinés à la vente vers les États-Unis. Est-ce un manque d’information ? Est-ce en raison de leur localisation souvent éloignée des bassins de population ? Est-ce parce qu’ils servent essentiellement (97 %) à la production d’énergie ? Ou bien y a-t-il simplement un refus de vendre l’eau comme une marchandise, qui plus est à l’étranger (USA, Chine) ?

Un commerce d’eau virtuelle très développé

Il ne faut pas oublier que les transferts d’eau sont apparus simultanément avec le commerce. En effet, la production de nourriture, ainsi que celle de nombreux biens manufacturés, utilise ou consomme de l’eau. Les émissions de gaz à effet de serre liées au cycle de vie d’un produit peuvent être quantifiées en  « équivalent CO2 ». Par analogie, « l’équivalent eau » pourrait symboliser la consommation d’eau associée à ce produit. Ce concept –appelé eau virtuelle– ne représente pas seulement l’eau incluse à proprement parler dans un aliment ou un produit, mais celle consommée lors de sa production. Ainsi, une tonne de blé équivaut à 1160 m3 d’eau, tandis qu’une tonne de bœuf correspond à au moins 13 500 m3 d'eau. Une simple tasse de café nécessite quant à elle 140 litres, consommés en majorité lors de la croissance de la plante. Il n'est pas nécessaire d'être un pays déficitaire en eau pour importer de l'eau virtuelle (exemple des bananes et agrumes importés au Canada). Cependant, des pays pauvres en eau ont en général plus de facilité à importer 1 kg de blé qu'une tonne d'eau nécessaire à sa croissance sur place. L'agriculture étant responsable de 70 à 75 % des prélèvements d'eau à l'échelle mondiale, on voit ici comment le commerce international peut influencer les politiques locales de gestion de l'eau.   

Des études ont montré que le Canada était le deuxième exportateur mondial d'eau virtuelle, après les États-Unis. Entre 1997 et 2001, le volume d'eau virtuelle ayant quitté le territoire canadien s'élève annuellement à presque 60 milliards de m3 d'eau. De plus, le Canada serait un exportateur net d'eau virtuelle vers les États-Unis sous forme de biens agricoles, sans oublier qu’il y exporte également son hydroélectricité.

Repensons notre consommation d’eau

Ces constats prouvent que le commerce d’eau vers l'étranger existe déjà. Il semble donc inutile de débattre sur la possibilité d'exporter de l'eau, puisque c’est déjà une réalité. Par contre, il est impératif d’intégrer à ces problématiques les aspects sociaux et environnementaux, et notamment d’analyser les transferts massifs d'eau sous l’angle des impacts imprévisibles que peut avoir le prélèvement très localisé de grandes quantités d'eau sur l'écosystème. De plus, il faut réfléchir à la nécessité d'exporter l'eau vers des pays qui, comme nous, surconsomment l'eau, ainsi qu’à la véritable nature que nous voulons attribuer à ce bien collectif.

 

Une stratégie moins coûteuse sur les plans financiers et environnementaux serait avant tout de poursuivre nos améliorations en matière de gestion de l'eau. Considérant que :

 
  • chaque canadien ou américain consomme quotidiennement plus de 400L d'eau par jour (moyenne mondiale 137L) ;
  • à celle-ci s'ajoute l'eau virtuelle contenue dans une alimentation fortement carnée (5 400L/jour, contre 1 800 L/jour en Asie),
  • et l'eau liée à la consommation poussée de produits à forte teneur en eau virtuelle (vêtements, voitures, puces de silice...).

Pour préserver notre ressource en eau, des changements dans nos comportements quotidiens sont à notre portée. Êtes-vous prêts à agir ?

   

Jérôme Petigny, M. Sc., Fondation québécoise en environnement

NB. : Les références peuvent être fournies sur demande."

Le 22 mars 2009 avait lieu la Journée mondiale de l’eau, sur le thème « shared water, shared opportunities ». Ce thème n’est pas sans rappeler les articles qui sont régulièrement publiés sur le commerce de l’eau. En particulier, l’exportation de l’eau vers les États-Unis soulève des inquiétudes récurrentes qui ont été ravivées par la parution en août 2008 d’un cahier de recherche de l’Institut économique de Montréal intitulé « L’exportation d’eau douce pour le développement de l’or bleu québécois ».

Publicité
Commentaires
S
Et ben moi, je pense que le canada a tout à fait le droit de vendre de l'eau au ricain. Ils paieront le prix pour ne pas avoir su préserver leurs ressources.De plus, comme ils paieront, ils feront certainement beaucoup plus attention à leur consommation à moins d'être riche comme crésus.<br /> D'autre part, c'est un peu comme le pétrole mais en mieux et beaucoup moins épuisable...si l'eau n'est pas utilisée, pourquoi ne pas la vendre d'autant plus si ça peut combler les dettes de l'état. <br /> Cela dit, je suis d'accord avec le fait que chacun devrait faire attention à sa consommation d'eau au quotidien.<br /> <br /> Par exemple, à la maison nous avons mis en place le plan PEF (plan d'économie familial) : remplir l'arrosoir avec l'eau du robinet en attendant qu'elle soit chaude, mettre de l'eau dans un gobelet quand on se brosse les dents...et ça marche aussi pour l'électricité mais ceci est une autre histoire).<br /> <br /> Sandra
Publicité