Cérémonie du Pardon

Kwé kwé (bonjour en Algonquin),

Lors de mes recherches, j'ai été amenée à contacter le centre culturel Kanatha-Aki, complètement paumé dans les Laurentides (région de forêts et de lacs correspondant au rêve canadien de nous les Français :p). La fille me répond gentiment que ce qu'ils font ne correspond pas forcément à notre projet, mais par contre on peut participer à une cérémonie le 17 mai, ouverte à tous. Nous voici donc parties avec Constance et 3 collègues pour assister à la cérémonie... Déjà, il faut nous féliciter car on ne s'est pas perdues !!! (et pourtant quand on voit la tronche des routes c'était pas gagné !!:p) La jupe longue et ample est obligatoire pour les femmes (et merci donc aux friperies où j'ai trouvé mon bonheur moyennant 4 dollars !), c'est dans la tradition amérindienne et on apprend sur place qu'il ne faut pas voir les chevilles, mais pourquoi ?? no se ! Bref, on respecte les traditions et on pénètre sur le site. Bien sûr, les photos sont interdites, donc tout ça restera dans nos coeurs et nos têtes ! néanmoins je peux vous donner quelques impressions...

Déjà le "synopsis" :

La Cérémonie

du Pardon

Depuis toujours, elle est là pour nous soutenir, nous nourrir, nous soigner et nous enchanter.

La Terre

est comme une Maman : protectrice, généreuse, guérisseuse et merveilleusement belle…

Chaque année, le peuple algonquien, qui représente neuf nations, organise une cérémonie très spéciale pour

la Terre-Maman. Cela

nous permet de prendre conscience des souffrances que nous lui infligeons tout au long de l’année. C’est aussi un moment privilégié pour la remercier, car malgré tout,

la Terre-Mère

continue de nous combler de tout ce dont nous avons besoin : arbres, plantes, fruits, montagnes, lacs, rivières et animaux.

La Cérémonie

du Pardon se déroule d’un bout à l’autre du Canada, chaque troisième samedi du mois de mai.

Vous pouvez profiter de cette occasion pour offrir au Feu sacré vos demandes personnelles, que ce soit par écrit ou en pensée.

Le thème était aussi "la libération de Bison Blanc", qui pour les Amérindiens constitue une prophétie - petit rappel :

Bison blanc:                                                                      

Le 21 septembre 2005 à l'équinoxe d'automne, s'est présenté à nous un cadeau de la vie : un bisonneau blanc femelle est né. Il s'agit là du septième bison blanc au monde, de la septième naissance à se produire, sur notre site, qui rejoint la septième prophétie ; de la guérison de la terre et des humains. Par sa présence, elle est venue nous rappeler l'importance des enseignements Anichinapè.

Une grande cérémonie animée par T8aminik « homme médecin » à été organisée sur le site en l'honneur de cet enfant que l'on a nommé Prophétie. Simultanément, vingt cinq pipes sacrées ont été allumées par des chefs amérindiens ou des hommes médecins partout en Amérique du nord afin de nous unir tous pour cet événement rare et lourd de sens.

Après un passage de quelques jours parmi nous, elle est repartie en nous laissant un message de l'appel de la terre pour sa guérison ainsi que celle des humains. Elle a été inhumée suite à une cérémonie de départ et les cendres sacrées ont été conservées pour être partagées avec la terre et dans les feux sacrés à travers le monde. La présence de cet Être exceptionnel chez nous a su souligner l'importance et l'urgence d'un retour aux vraies valeurs.

La prophétie du bison blanc

Tout a commencé en 1995, avec la naissance d'un bison blanc femelle dans le Wisconsin. Nommé "Miracle", ce bébé bison blanc était la première femelle à naître depuis des générations. Aussitôt, Floyd Hand, un homme-médecin annonça et écrivit dans le magazine Américain "Spin" : "Pour nous les Indiens, c'est comme le Retour du Christ pour les blancs"

La Nation Lakota-Dakota

-Nakota (Sioux) a reçu il y a plusieurs siècles la visite d'un être spirituel femme, qu'ils appelèrent White Buffalo Calf Woman, la "Femme Bison Blanc". Cette femme magnifique, irradiante de Lumière, habillée à la mode Indienne d'une robe de daim blanc, donna aux Lakotas les plus hauts enseignements spirituels et des rituels de paix à observer avec la "Chenupa" (la pipe sacré), et à partager avec toutes les autres tribus de "Turtle Island" - comme les Indiens appellent l'Amérique du Nord, sans notions de frontières.

Voilà, donc on arrive à la cérémonie, on doit d'abord se purifier avec la sauge. On commence par allumer le feu sacré, qui pour les Amérindiens signifie chaleur physique, mais aussi chaleur du coeur... Le chef Dominique Rankin, homme médecin reconnu qui fait des conférences dans le monde entier, entame la cérémonie en tenue traditionnelle (vêtements de ses ancêtres, mocassins qu'il a fabriqués lui-même dans sa jeunesse, son tambour, etc.) Retrouvez son site : http://www.dominiquerankin.ca/

Il a un parcours très intéressant, ayant été lui-même dans les pensionnats chrétiens dans son enfance, et autre. Mais il prône la paix entre les peuples, a déjà fait une cérémonie avec les tibétains... Un homme dans tous les cas très charismatique, accompagné d'un ami chef Inca qui parle en espagnol et qui "co-préside" la cérémonie. Il nous explique aussi les symboles de leur culture : la pipe sacrée, la plume d'aigle, le tambour... Après les discours et une très belle chanson, place au cercle des Femmes médecins, au partage de la pipe sacrée (vieille de 300 ans !!! ou calumet de la paix si vous préférez), etc... tout cela bien sûr autour du feu sacré auquel on jette régulièrement du tabac (comme un rite sacré), et de la sauge qui brûle toujours et doit nous faire à peu près le même effet que le cannabis :p en tout cas, après 4h de cérémonie, tout le monde plane et est content (mais non ce n'était pas un rassemblement hippie peace and love !).

le site après la cérémonie :

Etonnement : la place des femmes dans leur culture. Les communautés amérindiennes sont matriarcales. Ce sont les femmes qui ont le savoir et les connaissances médicinales. Pendant la cérémonie, hormis le pardon à la Terre, les chefs ont insisté sur le pardon aux femmes pour toutes les misères psychologiques, physiques qu'on leur fait subir tous les jours.

Aussi, je n'ai pas trouvé que la cérémonie était folklorique. Il n'y avait d'ailleurs aucun touriste, mais plutôt des gens en quête de ressourcement (vous voyez ;)). Mon ressenti est que le chef Dominique veut tout simplement partager et faire connaître sa culture pour le rapprochement des peuples et la paix. Aucune prétention donc, ni caricature, même si pour nous ce type de cérémonie est plus qu'inhabituel... En tout cas, c'était une belle invitation et une belle expérience, qui s'est terminée par la visite de la réserve des Bisons, une espèce menacée ici.

Migwetch ! (merci)

Comments

[le plus stylé]

il ne reste plus qu'à suivre les traces de Claude Levi strauss, grand ethnologue, connu pour son célèbre "tristes tropiques" qui a particulièrement étudié les peuples amérinidiens du nord au sud de l'Amérique. De Levi Strauss à jean malorie (le dernier roi de Tullé - civilisation des esquimaux) il n'y a qu'un pas. Pour suivre ensuite les pas de Marcel Griaule au pays dogon... sans oublier le philosophe Mircea Eliade qui nous parle du profane et du sacré, des mythes de toutes les civilisations des peuples racines (ceux existants encore et tous les autres).
En tout cas, tous ces hommes de science, de connaissance, nous interrogent, à travers leurs écrits, sur ce que recouvre le tourisme équitable, éthique...bien au delà du business qu'il représente! Et tant que ce tourisme là ne sera qu'un avatar pour gens friqués, d'activités de découverte et d'aventure "connues et balisées", l'homme ne trouvera pas facilement le chemin de ses origines, de la connaissance (éthimologiquement et je parle sous le contrôle de groc2 ! connaissance = avec conscience) et de la sérenité.
Bisous